Né en 1928 à Okama au Japon, le Docteur Akira Miyawaki est à l’origine de la méthode de reforestation Miyawaki, que nous utilisons pour planter nos forêts natives et ainsi revégétaliser les zones urbaines qui nous entourent.
Botaniste expert en écologie végétale et spécialiste de l’étude de la naturalité des forêts, Akira Miyawaki travaille en Allemagne entre 1956 et 1958 sur le concept de « végétation naturelle potentielle » aux côtés du Professeur Reinhold Tuexen.
Ce concept prend en compte la végétation qui s’exprimerait naturellement en l’absence de l’intervention humaine, par exemple, une forêt qui s’épanouirait en parfaite autonomie sans que l’homme n’y ait jamais touché. A son retour au Japon en 1960, il applique ses connaissances à la création de cartes de végétation naturelle potentielle, cartes qui sont toujours utilisées aujourd’hui pour la recherche scientifique.
Depuis les années 70, Akira Miyawaki défend avec ferveur la valeur des forêts indigènes, à travers de nombreux ouvrages, expérimentations et interventions, considérant que les forêts sont essentielles à la survie de l’humanité.
Akira Miyawaki a montré que les essences d’arbres qu’on trouve autour des temples et cimetières traditionnels japonais tels que les chênes, châtaigniers et arbres de la famille des lauracées sont des essences autochtones datant de la forêt préhistorique.
Au contraire, les arbres tels que le cèdre dit japonais, le cyprès, le mélèze et le pin sont des arbres progressivement introduits par les forestiers depuis des siècles pour produire du bois d’œuvre, alors que les Japonais les pensaient autochtones. Seulement 0.06% des forêts contemporaines japonaises sont indigènes.
Le développement de sa méthode de reforestation
Suite à ces constatations, et tout en se référant au concept de végétation naturelle potentielle, il développe, teste et affine la méthode mondialement reconnue qui porte son nom : la méthode Miyawaki. Partant du principe que les forêts contemporaines japonaises ne sont pas les plus résilientes ni les mieux adaptées aux conditions écologiques et bioclimatiques du pays, sa méthode repose sur l’utilisation d’essences d’arbres indigènes de la région où aura lieu la plantation, ainsi que la préparation du sol en amont.
En effet, grâce à l’incorporation de matières organiques telles que le broyat de bois, le compost ou le fumier entre autres, dans les sols qui vont accueillir les futures forêts et jeunes plants, la méthode Miyawaki permet de restaurer des forêts indigènes ou d’en créer de nouvelles sur des sols très appauvris, notamment en zones urbaines ou péri-urbaines (ainsi sont nées les forêts urbaines, ou micro-forêts).
Lors de ses premiers essais de terrain, Akira Miyawaki a constaté que les plantations dont la composition et la structure étaient les plus proches de ce qu’elles seraient en l’absence d’activité humaine, poussaient rapidement et surtout faisaient preuve d’une très bonne résilience écologique.
Il a donc constitué une banque de graines permanente contenant plus de 10 millions de graines identifiées et classées, dont la plupart proviennent de restes de forêts naturelles conservées autour des temples et des cimetières traditionnels japonais. Ces hauts lieux de la culture japonaise, et certains tabous qui les entourent, ont permis la conservation de milliers d’essences autochtones et de gènes d’arbres descendant de la forêt préhistorique.
Dans un souci de poursuivre d’une certaine manière cette tradition de perpétuation, mais dans une logique plus écologique et économique, Akira Miyawaki propose ensuite un plan de restauration des forêts indigènes, qui ne rencontre pas d’échos favorables au démarrage.
L’éclosion de la méthode Miyawaki
Cependant, au début des années 70 et après l’échec de premières plantations classiques, la Nippon Steel Corporation se penche sur les travaux du Dr Miyawaki pour reboiser les remblais autour de son usine d’acier d’Oita. Une première mission de reforestation lui ait donc confiée par l’entreprise. Après avoir étudié deux tombeaux proches de la zone, il en identifie la végétation naturelle potentielle et choisi des essences d’arbres qu’il teste sur la zone à boiser.
Il constitue ensuite une pépinière de plants d’essences indigènes qui sont mélangés et plantés sur le site. La Nippon Steel Corporation est si satisfaite et enthousiasmée par son travail qu’elle décide de planter des forêts similaires sur tous ses sites d’aciéries dans les 18 années qui suivent. Depuis, Akira Miyawaki et son équipe ont reforesté avec succès plus de 1300 sites, sur des terrains parfois difficiles. Leurs actions ont été très appuyées par des sociétés d’assurances, des industriels, des collectivités ainsi que l’Etat.
Akira Miyawaki et sa méthode ont prouvé qu’en sélectionnant judicieusement les essences et en les plantant densément, il était possible de restaurer rapidement un écosystème de forêt centenaire, alors que la plupart des experts s’accordent à dire que c’est impossible ou très difficile sur un sol pauvre et désertifié. Les arbres que sélectionne le Dr Miyawaki pour ses plantations ont des rôles-clés et complémentaires.
Depuis 1990, le Dr Miyawaki se consacre à la restauration des forêts tropicales humides très dégradées. Son approche cherche à accélérer le processus de « succession écologique » en imitant au maximum la composition normale de la forêt primaire dans chaque contexte de plantation. Étonnamment, et ce malgré plus de 1000 expériences réussies et parfois spectaculaires, le monde occidental n’a jusqu’à présent que rarement essayé d’appliquer ou même tester la méthode Miyawaki.
Mais tout peut encore changer…!
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