Mercredi 16 décembre 2020, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a présenté le plan visant à planter 50 millions d’arbres en France. La forêt urbaine apparaît comme nécessaire pour répondre aux enjeux bas carbone de notre futur. Ainsi, le vœu de recréer des écosystèmes forestiers, et de végétaliser les villes, devient une solution, tant pour relever les défis écologiques actuels que pour améliorer le bien-être des habitant·es des villes.

Il ne s’agit pas de faire une simple plantation d’arbres ornementaux, mais bien de le faire de manière réfléchie pour créer un véritable écosystème complexe. Les espaces forestiers sont plus résilients, ce qui rend les villes plus agréables, plus sûres et plus soutenables.

Pourquoi planter des arbres en ville pour créer des micro-forêts urbaines ? Végétalisation, biodiversité, on vous explique tout des avantages d’une forêt urbaine !

Forêt urbaine : définition

Qu’est-ce qu’une forêt urbaine ?

Avant de définir ce qu’est une forêt urbaine, il faut d’abord expliquer ce qu’est une forêt. Pour résumer rapidement les mots de Francis Hallé : une forêt, c’est beaucoup de plantes que l’on voit, et énormément d’animaux que l’on ne voit pas.

Ainsi, il ne suffit pas d’avoir uniquement des arbres pour parler d’une forêt. C’est un réel écosystème composé de champignons, de plantes, de bactéries et d’animaux. Il y a une vraie richesse de la biodiversité, avec des processus écosystémiques complexes. Les échanges de matière et d’énergie entre la faune, la flore et le sol se comptent en milliards.

Comment créer un écosystème forestier dans un endroit où le bitume est roi, et où les immeubles poussent plus vite que les arbres ?

Forêt verte et verdoyante, foisonnante

Quelle est la différence entre une forêt, une forêt urbaine et un parc ?

Souvent, lorsque l’on fait référence aux forêts plantées dans les villes, on parle de micro-forêts. On s’en doute, la taille est un élément de différenciation entre les forêts que l’on rencontre dans nos campagnes françaises, et celles que l’on peut voir au bout de la rue.

Mais il y a d’autres éléments pour les différencier, notamment dans l’enjeu de leur création. Que ce soit une mesure compensatoire pour capter le CO2 des villes, pour améliorer le bien-être des habitants, ou végétaliser la ville avec la création d’écosystèmes, les raisons de planter une forêt urbaine sont nombreuses.

Ainsi, la notion apparaît au 20e siècle pour désigner une forêt ou des bois qui poussent dans une aire urbaine, voire périurbaine. Ce n’est donc pas la même chose que le parc dans lequel vous vous promenez le dimanche après-midi. La forêt est un réel écosystème où la nature pousse plus ou moins comme elle en a envie, contrairement au parc.

4 types de forêts urbaines

Aujourd’hui, le vœu de planter des arbres pour verdir les villes pousse les municipalités à créer de toute pièce des micro-forêts. Mais il existe 4 sortes de forêts urbaines :

  • les vestiges préservés de forêt naturelles, souvent réaménagés
  • les boisements anciens qui étaient là avant l’accroissement urbain
  • les boisements replantés ou artificiellement créés sur des friches
  • les forêts périurbaines, comme celles de Soignes, qui sont des répliques de forêts anciennes

On plante des arbres pour relever les défis du changement climatique. Cependant, il faut le faire avec l’idée d’avoir une gestion durable des terres. Mettre en terre de jeunes pousses sans les entretenir, les arroser, n’a aucun sens.

Les villes forestières

Depuis 2018, l’objectif de développement durable n°11 intègre la création de forêts en ville, pour en faire des endroits inclusifs, sûrs, résilients et plus soutenables. Le Programme Mondial des Villes Forestières a donc été lancé pour inciter les villes à devenir plus vertes et conscientes des enjeux environnementaux.

Début 2020, la FAO (Food and Agriculture Organization) et la Fondation Arbor Day ont présenté les 59 premières villes reconnues par l’ONU comme étant des villes forestières. On retrouve des petites villes comme Mantoue (Italie), Bradford (Grande-Bretagne) et des grandes villes telles que Dublin, Paris, New-York.

Ces initiatives montrent l’envie, et l’urgence, de former un réseau international de villes qui mettent en avant leur engagement et leurs actions pour relever les défis environnementaux actuels.

Ainsi, planter une forêt devient le reflet de ses engagements pour un futur plus désirable, où l’on cherche la régénération de la biodiversité plutôt que sa suppression.

Forêt urbaine avec des couleurs d'automne

Pourquoi planter une forêt en ville ?

On le sait, les arbres absorbent le CO2 que nous produisons. Pour autant, les avantages de la micro-forêt se ressentent surtout lorsque la plantation regorge d’espèces différentes.

Les bénéfices

Nombreux sont les bénéfices qui permettent de parer au changement climatique grâce aux forêts urbaines. En voici quelqu’uns :

  • l’îlot de chaleur : les arbres créent un microclimat qui fait baisser la température autour. Ainsi avec 100 m2 d’arbres, la température peut descendre d’un degré jusqu’à 100 mètres alentour.
  • amélioration de la qualité de l’air : réduction de 50% des particules fines grâce aux arbres en ville
  • l’imperméabilité du sol : remplacer le béton par de la terre, qui sera colonisée par un système racinaire dense et profond, permet à l’eau de pénétrer le sol et donc de nourrir la biodiversité qui s’y trouve. L’eau, l’air et le sol sont améliorés grâce à la foresterie urbaine.
  • amélioration de la qualité de vie et le bien-être des habitants d’une ville
  • recueil de la biodiversité

Quand on sait que, depuis 1989, 76 % des insectes volants et 30 % des oiseaux ont disparu en France, on se dit qu’il est grand temps d’agir.

Les difficultés à surmonter pour avoir une forêt urbaine saine

Planter des arbres en ville n’est pas aussi simple que l’on pourrait l’imaginer. Bien évidemment, pour avoir une forêt-urbaine réussie qui a un réel impact, il faut aborder le projet avec une vision durable dans le temps.

Une fois plantés, les arbres de la micro-forêt doivent surmonter de nombreux obstacles et peuvent subir de multiples agressions.

Tout d’abord, le sol est souvent appauvri ou dégradé à cause du creusement répété de tranchées pour les réseaux. Cela peut nuire à l’espérance de vie des arbres sains. C’est pour cela qu’il est nécessaire de bien réfléchir à la diversification des espèces plantées pour permettre à l’écosystème d’être résilient face aux chocs extérieurs.

Ensuite, se pose le problème de la pollution. Nombreux sont les facteurs de stress :

  • la pollution de l’air
  • l’exposition à l’ozone urbaine
  • la pollution de l’eau
  • l’appauvrissement de la faune
  • la pollution des sols
  • la vulnérabilité aux espèces toxiques qui sont invasives
  • la pollution lumineuse

Forêt urbaine de Singapoure

Comment bien planter une forêt urbaine ?

Avant de planter à tout-va, il est nécessaire d’avoir un projet sur le long terme, pour orienter les politiques d’aménagement et de transition vers plus de durabilité. En effet, les forêts urbaines nécessitent une bonne planification, une bonne conception, une mise en œuvre efficace et un certain entretien.

Voici quelques outils pour organiser et optimiser au mieux votre projet forestier.

La méthode Miyawaki

Akira Miyawaki, on ne le présente plus chez Permafforest ! En effet, sa pensée est le point de départ de toutes nos plantations.

De nombreux projets utilisent sa méthode pour créer des micro-forets en ville, car elle présente de nombreux avantages :

  • une croissance plus rapide
  • une biodiversité beaucoup plus riche
  • une forêt 30 fois plus dense

Grâce aux techniques de ce botaniste japonais, des écosystèmes de forêts centenaires peuvent être créés en quelques dizaines d’années et devenir totalement autonomes, même sur de faibles surfaces.

Pour découvrir la méthode de Miyawaki, nous avons rédigé un article qui vous explique tout !

L’indice Canopée

D’autres facteurs sont à prendre en compte pour une optimisation parfaite de la forêt urbaine, comme l’indice de Canopée. Cet outil, avec la mesure de la couverture végétale, permettent de suivre ses objectifs.

Ainsi, l’indice de Canopée est calculé en divisant la superficie des espaces urbains couverte par les frondaisons des arbres – que l’on appelle la canopée – par la superficie totale des espaces urbains. Il en résulte un indicateur de la présence d’arbres plus pertinent que le seul nombre d’arbres plantés.

Mesure de la couverture végétale

La couverture végétale est évaluée grâce à un système de mesure que l’on appelle le Green View Index, qui utilise les panoramas de Google Street View. Il calcule la couverture végétale grâce au nombre d’arbres qu’il compte sur ces images. Grâce à l’outil en ligne Treepedia, on peut voir ce Green View Index de plusieurs villes dans le monde, dont Paris.

Cependant, Treepedia reste assez partiel, car il prend en compte seulement les arbres visibles depuis les rues et la canopée n’est pas comptée.

Forêts urbaines en France : quelques exemples

Paris

Depuis 2018, Anne Hildago souhaite “débitumiser” la ville. Ainsi, elle souhaite supprimer 50 % des places de stationnement, soit 70 000, pour végétaliser ces espaces verts de 10 m2.

En plus de la création déjà effective de 40 hectares d’espaces verts, la mairesse de Paris souhaite implanter des forêts urbaines sur des sites emblématiques :

  • le parvis de l’Hôtel de Ville
  • le parvis de la gare de Lyon
  • la place de la Bourse
  • la place de Catalogne
  • la rue Curial

Forêt urbaine à Paris, sur le parvis de l'hôtel de ville

Bordeaux

Bordeaux souhaite également verdir son centre-ville. Le président de Bordeaux Métropole a d’ailleurs annoncé, en septembre 2020, vouloir planter un million d’arbres et multiplier les micro-forêts urbaines. Ainsi, “la placette Billaudel’ deviendra le premier lieu bitumé à recevoir une plantation d’arbres, en 2021. Le parking va se transformer en micro forêt urbaine de 240 m2, imaginée par le célèbre botaniste A. Miyawaki.

De nombreuses villes commencent à s’engager dans la plantation de micro-forêts pour relever les enjeux écologiques d’aujourd’hui et de demain.

Par exemple, Lyon, depuis 2017, a mis en place le Plan Canopée qui vise à planter 3 000 arbres par an.

Toulouse a, quant à elle, mis en terre 1 200 arbres, en mars 2020, sur un terrain de 400 m2.

Nantes a, pour sa part, l’objectif de planter et de préserver l’équivalent de 2 000 terrains de football à l’horizon 2030-2050.

En attendant, des initiatives existent pour planter des poumons verts, que l’on soit un particulier, une entreprise, une collectivité ou bien une école.

Et vous, vous avez un projet de reforestation ?

Vous avez envie d’aller plus loin et de vous former à la méthode Miyawaki pour régénérer les espaces autour de vous ?

Permafforest propose la première formation en ligne qui vous permet de faire pousser des micro-forêts, résilientes, autonomes avec un réel impact sur l’environnement !

formation miyawaki micro-forêt